Enquête EHPA : des résidents plus nombreux, plus âgés et plus dépendants

La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une

Part des résidents confrontés, fin 2015, à une perte d'autonomie partielle ou totale selon le type d'activité

La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur le profil des résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpa). Ce travail s’appuie sur l’exploitation des premiers résultats de l’enquête EHPA 2015. Sa publication intervient alors que monte à nouveau une polémique sur l’insuffisance des effectifs des Ehpa et les risques de maltraitance institutionnelle qu’elle peut faire peser sur les résidents.

La question récurrente des effectifs

L’affaire est partie de la grève d’une partie des personnels d’un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Foucherans (Jura), qui dure depuis près d’un mois, ce qui est très inhabituel dans le secteur médicosocial. La notoriété de ce conflit a été relayée par un long reportage de Florence Aubenas, publié dans Le Monde daté du 19 juillet.
Le jour même de cette parution, l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) publiait un communiqué indiquant « comprendre la grève dans le Jura ». L’association affirme qu’elle « partage l’inquiétude des professionnels et y ajoute sa préoccupation pour les personnes âgées vivant à domicile et les personnels qui les accompagnent ». L’AD-PA demande l’organisation d’une réunion avec la ministre des Solidarités et de la Santé et « l’ensemble des représentants des retraités – personnes âgées, professionnels et salariés – pour qu’elle explique comment elle entend relever le défi de l’aide à nos ainés ».

728.000 résidents en Ehpa, soit 5% de plus qu’en 2011

Dans ce climat tendu – avec en outre la contestation généralisée de la réforme de la tarification des Ehpad -, l’étude de la Drees s’en tient à une approche statistique, mais qui n’est pas sans liens avec les questions soulevées. Elle montre en effet qu’à la fin de 2015, les Ehpa accueillaient 728.000 résidents, soit 10% des personnes âgées de 75 ans et plus et un tiers de celles de 90 ans ou plus. Lors de la précédente enquête, qui portait sur l’année 2011, ce chiffre était de 693.000 résidents, soit une progression de 5% en quatre ans (voir notre article ci-dessous du 12 décembre 2014).
Sur ces 728.000 résidents, environ 80% sont accueillis en Ehpad et 4% en hébergement temporaire ou accueil de jour, le reste étant constitué essentiellement des résidents en logements-foyers (devenus résidences autonomie) et, pour une toute petite part, des « maisons de retraite » (Ehpa non Ehpad), qui jouent désormais un rôle totalement marginal (7.700 personnes sur le total de 728.000 résidents). La part de l’accueil en Ehpad est aujourd’hui plus importante qu’en 2011. La capacité des établissements est pourtant proche de la saturation, avec un taux d’occupation de 98%, contre 97% en 2011.

L’âge médian a progressé d’un an en quatre ans…

Autre enseignement de l’étude : la poursuite du vieillissement des résidents. L’âgé médian est désormais de 87 ans et 5 mois, contre 86 ans et 5 mois à la fin de 2011, soit une année supplémentaire en seulement quatre ans… L’âge moyen est, pour sa part, de 85 ans et 9 mois, contre 85 ans en 2011 (87 ans pour les femmes et 82 ans et 3 mois pour les hommes). Autre signe frappant du vieillissement : en quatre ans, la part des résidents de 90 ans ou plus est passée de 29% à 35%… Ce vieillissement accéléré s’explique toutefois, pour partie, par une augmentation de l’âge moyen d’entrée en Ehpa (85 ans et 2 mois, soit 9 mois de plus qu’en 2011), conséquence du développement des politiques de maintien à domicile.
Du fait des écarts dans l’espérance de vie, les femmes sont nettement plus nombreuses en Ehpa que les hommes (78% des résidents de 80 ans ou plus). Aussi 91% des résidentes sont-elles sans conjoint, contre 75% des résidents.

Une dépendance accrue, avec 83% de résidents en perte d’autonomie

La conséquence de ce vieillissement est que les résidents de 2015 sont plus dépendants que ceux de 2011. Toutes catégories d’établissements confondues, 83% des résidents sont en perte d’autonomie au sens de la grille AGGIR, autrement dit sont classés dans les GIR 1 à 4. Cette proportion était encore de 81% en 2011. Et plus de la moitié des résidents (54%) sont désormais classés en GIR 1 et 2, autrement dit sont fortement dépendants.
Les Ehpad sont les plus touchés par cette évolution, avec un GMP (GIR moyen pondéré) qui passe de 689 à 710 en quatre ans. La Drees précise toutefois que cette évolution peut s’interpréter de façon positive, « comme l’effet de la baisse du nombre de personnes âgées peu ou pas dépendantes résidant en institution ». Cette dépendance se traduit par le fait que – hors les personnes en résidences autonomie – 93% des résidents ont besoin d’aide pour la toilette, 86% pour s’habiller et 70% pour s’alimenter.
La forte dépendance (GIR 1 et 2) ne concerne d’ ailleurs pas seulement les personnes les plus âgées (57% de forte dépendance chez les personnes de 90 ans ou plus). Elle touche aussi 42% des résidents de moins de 70 ans.
Enfin, l’étude de la Drees montre que plus de 260.000 résidents – soit environ 36% du total – sont atteints d’une maladie neurodégénérative (comme la maladie d’Alzheimer) et que plus d’un quart des résidents bénéficient d’une mesure de protection juridique des majeurs.

Le détail du rapport ici 

 

Source : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250279535051