Dans le cadre du 7ème Colloque sur les âges de la vie organisé par Catherine Bergeret-Amselek les 6 et 7 octobre 2017 à Paris au Couvent de Cordelies, des spécialistes vont s’interroger sur les liens possibles entre Alzheimer et autisme.
Ce colloque propose de mettre en perspective ces deux grandes causes de santé publique que sont la maladie d’Alzheimer -dans tous les aspects qu’elle revêt- et l’autisme sous les différentes formes de son expression. Deux univers que tout oppose apparemment, et pourtant, en dépassant ces différences, et bien que cela n’ait jamais été vraiment exploré, pouvons-nous établir des liens entre ces deux pathologies, tant au niveau neurologique que psychologique, comportemental, relationnel et émotionnel ?
L’intérêt, en croisant nos regards, est d’améliorer la prise en charge autant de l’une que de l’autre et de faire avancer la clinique et la recherche. C’est précisément ce que vont essayer de faire ces deux journées d’échanges et de réflexions.
Le patient atteint de la maladie d’Alzheimer semble n’être déjà plus là alors que le jeune autiste semble n’être pas encore complètement arrivé. Dans l’Alzheimer comme dans les différentes formes d’autismes, le Sujet paraît absent. Est-il vraiment absent ou inatteignable ou simplement masqué et toujours là ?
C’est précisément le pari du Sujet qui sera soutenu par les trente intervenants ici réunis : neurobiologistes, neuropsychologues, psychogériatres, pédopsychiatres, psychologues, psychanalystes, artistes, soignants, directeurs d’établissement. Ces derniers proposeront une approche pluridisciplinaire de ces deux pathologies qui ne surviennent pas au même moment de la vie et qui sont caractérisées toutes les deux par une atteinte généralisée des liens dans des contextes et des causalités différentes.
Le patient souffrant d’Alzheimer est engagé dans des troubles à la fois d’origine neurologique, cognitive et psychologique qui bouleversent son rapport à lui-même et aux autres, perturbant son vécu émotionnel et son identité. Sa relation au monde extérieur est bouleversée. Quant aux personnes souffrant d’autisme, à des degrés divers et sous différentes formes, elles sont aussi touchées à tous ces niveaux et elles ne peuvent articuler leurs sensations internes avec leurs perceptions du monde extérieur.
Tout le travail du thérapeute en dehors de toute théorie ou “supposé-savoir” ne devra-t-il pas consister à s’accorder à leurs univers pour favoriser une ouverture qui les mènera vers l’intersubjectivité ?…
Tous sont submergés par des angoisses archaïques extrêmement violentes, parmi lesquelles : impression de vidage, de chute sans fin. Tous ont une sensorialité perturbée qui met en péril leur contact avec d’autres sujets humains.
C’est pour cela que les thérapies à médiation robotique ou à médiation animale peuvent les préparer en douceur à une reconnection d’un éprouvé sensoriel favorisant l’accès à l’altérité. L’art-thérapie peut également aider le sujet Alzheimer à se reconnecter sur sa mémoire affective et le sujet autiste à rassembler des sensorialités éparpillées. A partir de l’aire transitionnelle ainsi ouverte, un accordage affectif peut avoir lieu.
Dans les pathologies Alzheimer comme dans les différentes formes d’autisme, le Sujet est touché dans son intégrité psychique et corporelle et nous emmène au cœur des processus archaïques, un Sujet qui n’habite plus entièrement son corps ou l’habite autrement, un corps trop souvent réduit par ceux qui l’approchent au tout neuronal, à une dimension machinale, chosifié dans des visées normatives et rééducatives au détriment de sa dimension psycho-affective. Sans évacuer aucune des sources de ces symptomatologies multifactorielles, c’est à l’intériorité de ce Sujet coupé plus ou moins de lui-même et de son histoire, mais surtout coupé des autres que nous nous intéresserons.
Nous proposerons des pistes pour un travail en réseaux efficace. A cet effet nous insisterons non seulement sur l’importance d’une prévention non prédictive, mais aussi sur la nécessité d’un management bien-traitant pour les équipes soignantes, qui pérennise dans la durée une culture du prendre soin permettant que les formations enseignées soient intégrées dans le quotidien du terrain, les soignants ayant du plaisir à travailler ensemble.
Seule une réflexion éthique, politique et clinique collective qui respecte des approches complémentaires adaptées à la singularité de chaque situation sera garante d’une prise en charge globale de ces patients atteints dans leur identité. Par ailleurs, tisser une alliance thérapeutique avec les familles, ces “aidants familiaux” ayant un proche souffrant d’Autisme ou d’Alzheimer est indispensable, si nous voulons gagner ce “pari du Sujet”, d’un Sujet en devenir au-delà des origines complexes de ces troubles.
Ce colloque s’adresse particulièrement à tous les professionnels de la périnatalité, de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte âgé : psychologues, psychanalystes, soignants, pédopsychiatres, gériatres, travailleurs sociaux, médecins, enseignants, étudiants en médecine et en psychologie, mais aussi aux cadres de santé, directeurs d’établissement et responsables de formations continues, ainsi qu’aux aidants professionnels et familiaux.
Source : http://www.senioractu.com/Et-si-Alzheimer-s-et-Autisme-s-avaient-un-lien_a20162.html