Dans le cadre du 7ème Colloque sur les âges de la vie organisé par Catherine Bergeret-Amselek les 6 et 7 octobre 2017 à Paris au Couvent de Cordelies, des spécialistes vont s’interroger sur les liens possibles entre Alzheimer et autisme.

Ce colloque propose de mettre en perspective ces deux grandes causes de santé publique que sont la maladie d’Alzheimer -dans tous les aspects qu’elle revêt- et l’autisme sous les différentes formes de son expression. Deux univers que tout oppose apparemment, et pourtant, en dépassant ces différences, et bien que cela n’ait jamais été vraiment exploré, pouvons-nous établir des liens entre ces deux pathologies, tant au niveau neurologique que psychologique, comportemental, relationnel et émotionnel ?

L’intérêt, en croisant nos regards, est d’améliorer la prise en charge autant de l’une que de l’autre et de faire avancer la clinique et la recherche. C’est précisément ce que vont essayer de faire ces deux journées d’échanges et de réflexions.

Le patient atteint de la maladie d’Alzheimer semble n’être déjà plus là alors que le jeune autiste semble n’être pas encore complètement arrivé. Dans l’Alzheimer comme dans les différentes formes d’autismes, le Sujet paraît absent. Est-il vraiment absent ou inatteignable ou simplement masqué et toujours là ?

C’est précisément le pari du Sujet qui sera soutenu par les trente intervenants ici réunis : neurobiologistes, neuropsychologues, psychogériatres, pédopsychiatres, psychologues, psychanalystes, artistes, soignants, directeurs d’établissement. Ces derniers proposeront une approche pluridisciplinaire de ces deux pathologies qui ne surviennent pas au même moment de la vie et qui sont caractérisées toutes les deux par une atteinte généralisée des liens dans des contextes et des causalités différentes.

Le patient souffrant d’Alzheimer est engagé dans des troubles à la fois d’origine neurologique, cognitive et psychologique qui bouleversent son rapport à lui-même et aux autres, perturbant son vécu émotionnel et son identité. Sa relation au monde extérieur est bouleversée. Quant aux personnes souffrant d’autisme, à des degrés divers et sous différentes formes, elles sont aussi touchées à tous ces niveaux et elles ne peuvent articuler leurs sensations internes avec leurs perceptions du monde extérieur.

Tout le travail du thérapeute en dehors de toute théorie ou “supposé-savoir” ne devra-t-il pas consister à s’accorder à leurs univers pour favoriser une ouverture qui les mènera vers l’intersubjectivité ?…
Tous sont submergés par des angoisses archaïques extrêmement violentes, parmi lesquelles : impression de vidage, de chute sans fin. Tous ont une sensorialité perturbée qui met en péril leur contact avec d’autres sujets humains.

C’est pour cela que les thérapies à médiation robotique ou à médiation animale peuvent les préparer en douceur à une reconnection d’un éprouvé sensoriel favorisant l’accès à l’altérité. L’art-thérapie peut également aider le sujet Alzheimer à se reconnecter sur sa mémoire affective et le sujet autiste à rassembler des sensorialités éparpillées. A partir de l’aire transitionnelle ainsi ouverte, un accordage affectif peut avoir lieu.

Dans les pathologies Alzheimer comme dans les différentes formes d’autisme, le Sujet est touché dans son intégrité psychique et corporelle et nous emmène au cœur des processus archaïques, un Sujet qui n’habite plus entièrement son corps ou l’habite autrement, un corps trop souvent réduit par ceux qui l’approchent au tout neuronal, à une dimension machinale, chosifié dans des visées normatives et rééducatives au détriment de sa dimension psycho-affective. Sans évacuer aucune des sources de ces symptomatologies multifactorielles, c’est à l’intériorité de ce Sujet coupé plus ou moins de lui-même et de son histoire, mais surtout coupé des autres que nous nous intéresserons.

Nous proposerons des pistes pour un travail en réseaux efficace. A cet effet nous insisterons non seulement sur l’importance d’une prévention non prédictive, mais aussi sur la nécessité d’un management bien-traitant pour les équipes soignantes, qui pérennise dans la durée une culture du prendre soin permettant que les formations enseignées soient intégrées dans le quotidien du terrain, les soignants ayant du plaisir à travailler ensemble.

Seule une réflexion éthique, politique et clinique collective qui respecte des approches complémentaires adaptées à la singularité de chaque situation sera garante d’une prise en charge globale de ces patients atteints dans leur identité. Par ailleurs, tisser une alliance thérapeutique avec les familles, ces “aidants familiaux” ayant un proche souffrant d’Autisme ou d’Alzheimer est indispensable, si nous voulons gagner ce “pari du Sujet”, d’un Sujet en devenir au-delà des origines complexes de ces troubles.

Ce colloque s’adresse particulièrement à tous les professionnels de la périnatalité, de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte âgé : psychologues, psychanalystes, soignants, pédopsychiatres, gériatres, travailleurs sociaux, médecins, enseignants, étudiants en médecine et en psychologie, mais aussi aux cadres de santé, directeurs d’établissement et responsables de formations continues, ainsi qu’aux aidants professionnels et familiaux.

 

Source : http://www.senioractu.com/Et-si-Alzheimer-s-et-Autisme-s-avaient-un-lien_a20162.html


Il est admis que le sommeil est propice à la consolidation des connaissances acquises dans la journée. Mais pouvons-nous apprendre de nouvelles choses en dormant ? En exposant des sujets à des stimuli sonores répétés, des chercheurs viennent de montrer que, dans certaines phases du sommeil, le cerveau est capable d’apprendre des sons récurrents mais que ces mêmes sons peuvent aussi être oubliés durant les phases de sommeil les plus profondes.

Le cerveau humain possède une capacité surprenante d’apprentissage : il peut mémoriser un signal auditif dénué de sens dès lors que celui-ci est répété. Ainsi, le bruit blanc, comme le son produit par une radio lorsqu’elle ne reçoit pas de signal, peut être appris après seulement quelques présentations, sans même que l’on ait besoin d’y prêter attention.

Les chercheurs ont choisi cette stimulation auditive passive, particulièrement bien adaptée au sommeil, pour explorer le lien entre apprentissage et sommeil. Ils ont exposé des volontaires à des bruits intégrant des sons répétés pendant leur sommeil et suivi leur activité cérébrale par électroencéphalographie.

Un son nouveau ou un son appris ne générant pas la même réaction cérébrale, l’analyse électroencéphalographique permet aux chercheurs de déterminer si un son entendu est mémorisé, même lorsque le sujet est endormi.

L’analyse de l’activité cérébrale pendant la nuit et des réponses comportementales au réveil ont montré que les sujets reconnaissent les bruits qu’ils ont entendus pendant leur sommeil paradoxal et leur sommeil lent léger.

Ces observations révèlent la capacité de notre cerveau à apprendre durant ces deux phases de sommeil à la fois très différentes d’un point de vue de leur activité cérébrale mais durant lesquelles notre cerveau peut traiter une information complexe, qu’elle soit exogène ou endogène*.

Alors que de précédents travaux réalisés chez l’Homme et l’animal avaient montré que certaines formes d’apprentissage, comme le conditionnement, étaient possibles durant le sommeil**, cette nouvelle étude montre qu’il est possible de mémoriser de nouvelles représentations et de nouveaux objets (ici auditifs) durant le sommeil.

De plus, cette étude se distingue sur les résultats obtenus lors d’une autre phase du sommeil : le sommeil lent profond. Les chercheurs y ont découvert un phénomène complètement inverse : pendant ce sommeil profond, les sons appris précédemment, pendant la phase de sommeil lent léger, sont oubliés, « désappris », comme effacés. Au réveil, ces sons se sont même révélés plus difficiles à apprendre que des sons nouveaux.

Ces résultats sont compatibles avec l’idée que le sommeil lent léger et le sommeil paradoxal sont des états favorables à la plasticité cérébrale et à la consolidation active de la mémoire, tandis que le sommeil lent profond permettrait une forme d’oubli nécessaire pour éviter l’accumulation de souvenirs jour après jour.

Cette interprétation est innovante car elle permettrait de réconcilier deux modèles souvent jugés comme opposés sur le rôle du sommeil dans la mémoire : le sommeil permettrait bien de consolider les connaissances acquises dans la journée mais il joue aussi le rôle de filtre, qui effacerait du cerveau les informations qui ne sont plus nécessaires. Cette découverte amène désormais une autre question aux chercheurs : quels sont les mécanismes qui se cachent derrière l’ambivalence du lien entre sommeil et mémoire ?

Cette étude, menée par le Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (CNRS/ENS Paris/EHESS) en collaboration avec le Laboratoire des systèmes perceptifs (CNRS/ENS Paris) et le Centre du sommeil et de la vigilance (AP-HP/université Paris Descartes) de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu – AP-HP a été publiée dans Nature Communications le 8 août 2017.

* Pendant la phase de sommeil léger, le cerveau est capable de traiter des informations dites exogènes (venant de l’extérieur), alors que dans le cas du sommeil paradoxal et des rêves, le cerveau traite principalement des informations endogènes (venant de l’intérieur).
** Des expériences récentes d’apprentissage par conditionnement ont montré que lorsque de mauvaises odeurs sont présentées juste après des sons à des sujets endormis, ceux-ci retiennent leur respiration. Un réflexe qui est conservé même lorsqu’ils n’entendent que les tonalités (alors qu’aucune odeur ne leur est présentée) dans le sommeil.

 

Source : http://www.senioractu.com/Apprendre-et-oublier-pendant-son-sommeil-deux-processus-etroitement-lies_a20199.html


La maison de retraite de Paimboeuf, en Loire-Atlantique, est en pleine souffrance ! La semaine dernière, les 5 agents de l’établissement et les 58 pensionnaires ont entamé une grève, pour dénoncer leurs conditions de vie et les conditions de travail. Leurs témoignages décrivent un quotidien, qui ne permet pas de gérer convenablement le fonctionnement de la maison de retraite et pose de nombreux problèmes.

Depuis déjà quelque temps, les employés se retrouvent débordés, en manque d’effectif, et travaillent à la chaîne. Notamment au moment des bains, comme l’explique l’une des aides-soignantes auprès de Ouest France : «  En gros, nous disposons de quinze minutes pour la toilette de chaque personne. C’est la chaîne. On n’a pas le temps de discuter et pourtant, elles sont très en demande. S’il y avait plus d’échanges, il y aurait moins d’antidépresseurs et de somnifères . Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’établissement des Opalines, qui avait entamé la grève « la plus longue de France » il y a quelques semaines.

 

L’une des pensionnaires, Juliette Abellard, est dépendante des aides-soignantes pour se lever, se coucher et se laver, depuis qu’une maladie atrophie ses muscles. Elle raconte que sa dernière douche et son dernier shampooing remontent à il y a trois semaines. Une éternité, qui montre bien les conditions de vie déplorables dans la maison de retraite, qui facture ses résidents 2 000 € par mois.

Crédit photo : Femme âgée avec son soignant à la maison / Shutterstock

Les résidents critiquent ce triste quotidien qui n’équivaut pas à une vie selon eux. Jeanine Pichavent décrit, à 84 ans, des horaires variables, des conditions insupportables : « On ne me lève jamais à la même heure  9 h, 11 h 30… Tout dépend de la tournée du jour. Le soir, je suis couchée à 19 h 30. Je ne vois pas très bien, alors la TV, je ne la regarde pas trop. Je reste là à attendre. Attendre le sommeil ».

Crédit photo : Ouest France

Les aides-soignantes sont bien conscientes des dysfonctionnements et ne sont pas satisfaites de cette réalité. L’une d’entre elles confie ressentir de la honte en raison du travail mal fait : « C’est très dur de rentrer chez soi avec le sentiment du travail mal fait. Maintenant j’ai honte de la manière dont on les traite. Dans quelques années, c’est moi qui serai résidente ici. Et je n’ose pas imaginer dans quelles conditions ». Guillaume Gandon, qui est animateur permanent, décrit un quotidien d’ennui : «  On estime qu’un résident dort huit heures, a quatre heures trente de soin et, au mieux, deux heures d’animations. Le reste ? C’est un ennui que nous-mêmes, on ne supporterait pas  ».

Crédit photo : Infirmière qui sert de lanourriture dans une maison de retraite / Shutterstock

La direction a annoncé avoir engagé des employés supplémentaires pour que les soignants puissent prendre leurs vacances. Trois jeunes en contrat de service civique ont été recrutés pour renforcer l’animation des personnes âgées.

 

Source : http://www.demotivateur.fr/article/les-pensionnaires-d-une-maison-de-retraite-ont-entame-une-greve-pour-denoncer-les-mauvaises-conditions-de-vie-10918

 


Lors de la Journée nationale interrégime de Bordeaux, une vingtaine d’innovations au service de la prévention de la perte d’autonomie ont présentées dans le Forum des innovations. Aujourd’hui, présentation du projet Seniors Auto’Mobiles qui vise à préserver l’autonomie et la mobilité des seniors.

Le projet « Seniors Auto’mobiles », développé par l’association Occurrences*, vise à créer et développer des actions de prévention sociale en vue de préserver l’autonomie et la mobilité des seniors à travers quatre initiatives complémentaires les unes par rapport aux autres.

Ce concept s’attache d’une part à réaliser un diagnostic santé/sécurité routière partagé avec les médecins et à créer des outils adaptés d’accompagnement des retraités afin de prévenir les risques liés à la perte d’autonomie dans la conduite automobile (construction d’une grille, test, généralisation) : orientation vers la plateforme, orientation vers une formation adaptée, rassurer le senior et sa famille.

Il contribue également à la mise à jour des connaissances théoriques du code de la route et permet d’informer les retraités sur l’évolution technique des véhicules et accessoires qui pourraient ensuite être autant d’aide à la conduite. Ce projet doit également permettre de construire un modèle de formation et de réaliser des formations pratiques pour une conduite adaptée au regard de l’évolution des données physiologiques (axe collectif et individuel).

L’objectif est aussi de favoriser l’accès à l’information et aux conseils via une plateforme numérique, avec un espace collaboratif (carto sensible, FAQ), en cherchant à valoriser la fonction de grand parentalité (utilisation des équipements de sécurité pour les petits enfants et gestion des comportements à risques des petits enfants…). Ce service intergénérationnel totalement novateur sera mis en place à travers la formation au rôle d’accompagnateur de conduite supervisée du retraité pour un jeune en apprentissage.

Outre l‘expérience du promoteur, le projet repose d’une part, sur le bilan de l’accidentalité et de la mortalité routière du 28 mai 2015 et d’autre part, sur l’étude du cabinet Gaultier et associés réalisée en 2008 sur les personnes âgées et le risque routier qui confirme l’importance de la conduite automobile et de la possession d’une voiture pour les seniors.

Les principaux besoins identifiés sont :
– l’accès à l’information sur les risques routiers et les réponses apportées
– l’auto évaluation de ses capacités à la conduite pour anticiper
– le renforcement de la confiance dans la conduite pour conserver sa mobilité et son autonomie
– les réponses aux questionnements liés à la grand-parentalité
– le lien social et l’utilité sociale intergénérationnelle.

La population visée dans le cadre de l’expérimentation réside sur trois bassins de vie (Arles, St Martin de Crau, St Rémy).

*Située à Arles, l’association Occurences créée en 2004, est animée par les valeurs de l’Economie Sociale et Solidaire. Elle développe des actions autour de quatre piliers : Education, Prévention, Citoyenneté et Insertion Socioprofessionnelle. Occurrences met en oeuvre, pour et avec les structures de l’Education Populaire et de l’Insertion, de l’ingénierie de projet, des audits, des évaluations, des plans de formation qu’elle anime, des séminaires pour renforcer le développement stratégique. L’auto-école sociale ouverte en 2011 s’adresse à tous publics dont les seniors retraités en besoin de réactualisation de leurs connaissances théoriques au code de la route et à la pratique de la conduite.

Source : http://www.senioractu.com/Seniors-Auto-Mobiles-l-innovation-au-service-de-la-prevention-de-la-perte-d-autonomie_a20143.html

Encore au stade de prototype, la puce s’implantera au niveau du cortex, la couche la plus externe du cerveau, afin de stimuler des milliers, voire des millions de neurones.

Des ingénieurs américains de l’Université Rice, dans le Texas, planchent sur un projet très ambitieux : une puce électronique implantable dans le cerveau et capable de restaurer la vue ou l’audition. Mais pour le développer, la somme se chiffre forcément en millions de dollars… Heureusement pour ces scientifiques, la DARPA (l’Agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense) vient de leur octroyer 4 millions de dollars sur quatre ans, annoncent-ils dans un communiqué.

Un microscope miniature pour observer au plus près le cerveau

Encore au stade de prototype, la puce s’implantera au niveau du cortex, la couche la plus externe du cerveau, afin de stimuler des milliers, voire des millions de neurones. Contenant des dizaines d’électrodes, cet implant sera capable de recevoir les informations visuelles et auditives et de les transmettre directement aux zones du cerveau capables de les traiter (aires auditives et visuelles). Implanter des électrodes pour stimuler certaines zones du cerveau, le principe n’est pas nouveau : nommé « stimulation cérébrale profonde », il est notamment utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson. Mais « ce sont des systèmes à seulement 16 électrodes, bien trop limités pour restaurer la vue ou l’audition », explique Jacob Robinson, qui fait partie du projet intitulé FlatScope.

À cette puce devrait être intégré un microscope miniature, développé par une autre équipe de l’Université Rice. Pendant que FlatScope sera activé, ce microscope observera et enregistrera l’activité cérébrale de l’organe qui demeure encore très mystérieux pour les neuroscientifiques. Là encore, le projet est ambitieux : il consiste à observer plus d’un million de neurones simultanément ! Le système devra posséder des centaines d’électrodes, et les neurones devront être rendus visibles grâce à des protéines bioluminescentes. « Comme le microscope enregistrera des images en 3D, nous pourrons voir la surface du cerveau mais aussi une certaine profondeur, explique Ashok Veeraraghavan, co-auteur de ce projet. À ce stade nous ne connaissons pas encore les limites mais nous espérons voir au moins au-delà de 500 microns. »

Même si ces projets demeurent peu détaillés pour l’instant, les chercheurs sont optimistes quant à leur faisabilité. « Nous sommes en mesure de créer des processeurs contenant des milliards d’éléments sur une puce destinée au smartphone que nous avons tous dans notre poche. Alors pourquoi aurions-nous du mal à appliquer ces avancées aux interfaces neuronales ? « , fait remarquer Jacob Robinson.

Source : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/une-puce-dans-le-cerveau-pour-retrouver-la-vue-et-l-audition_114904


Les médecins ne savent pas très bien comment gérer la question du surpoids des personnes âgées, alors qu’au-delà de 65 ans l’obésité n’est pas forcément mauvaise pour la santé et que maigrir trop rapidement peut être néfaste. Seule certitude: l’exercice, régulier, fait du bien.

Avec l’âge, les gens grossissent. A partir de 65 ans, la proportion de personnes obèses augmente encore. Au-delà de 80 ans, elle diminue, ce qui n’est guère surprenant: les gens minces vivent plus longtemps. Les personnes âgées qui maigrissent ont pourtant également tendance à mourir plus rapidement. Face à ces données contrastées, les médecins sont hésitants: l’obésité de la personne âgée augmente-t-elle le risque de mortalité ou au contraire la protège-t-elle? Les facteurs sont multiples, les études rares.

Composition corporelle évolutive

Il faut savoir que le corps humain évolue. Le poids des hommes et des femmes a tendance à augmenter jusqu’à 50-59 ans. Ensuite, il diminue. Le pic musculaire se situe vers 30 ans puis décline de 3 à 8% par décennie. On note une perte de masse musculaire de l’ordre de 30% chez les plus de 65 ans et de 50% au-delà de 80 ans. Après 20-30 ans, la masse maigre (à savoir la masse non grasse: peau, os, muscles, organes) diminue. La masse musculaire diminue de 40% entre 20 et 70 ans, la masse grasse (les graisses), elle, augmente. Après 70 ans, les masses diminuent et se redistribuent dans le corps, la masse maigre s’amenuise en périphérie, la masse grasse domine aux niveaux abdominal et musculaire. Il est donc normal de paraître plus gros avec l’âge.Le poids peut demeurer inchangé en raison de cette redistribution. L’index de masse corporelle (IMC = taille/poids au carré) est du coup moins approprié chez la personne âgée, lui qui sous-estime la part de graisses. La circonférence du milieu du bras ou le tour de taille sont de meilleurs indicateurs. Un déficit énergétique est suspect chez la femme si la circonférence du bras est inférieure à 22 cm (23 chez l’homme). Ceux qui ont une masse musculaire au-dessus de la moyenne et un tour de taille plus petit ou égal à 102 cm ont un taux de mortalité plus faible. Mais les personnes en sous-poids ont des taux de mortalité nettement plus élevés que celles qui sont de poids normal ou en surpoids. Autrement dit, chez les personnes âgées, mieux vaut être trop gros que trop maigre.

Les effets contrastés de l’obésité

La prise de poids avec l’âge n’est pas tant due à une quantité supérieure de calories ingérées qu’à une diminution de la dépense totale d’énergie et à des changements hormonaux. Les personnes obèses âgées ont plus de risques de souffrir d’hypertension artérielle, de diabète, de maladie coronarienne, d’attaque cérébrale, de problèmes de vésicule biliaire, respiratoires, d’arthrose, d’apnées du sommeil et de cancers. Toutefois, il semblerait qu’avec l’âge, le surpoids ne soit pas un facteur de mortalité. Il serait même associé à une diminution significative de la mortalité. Il augmente en outre la masse osseuse, ce qui est bénéfique: les risques d’ostéoporose et de fracture de la hanche sont moins importants chez les obèses.Quant à la perte de poids, son impact sur les personnes âgées est également difficile à évaluer. La dénutrition est associée à un pire pronostic que l’obésité, la perte de masse maigre impliquée n’étant guère bénéfique. De plus, il est souvent difficile pour les médecins de savoir si la perte de poids est volontaire ou associée à une maladie chronique. Une étude montre que les personnes obèses qui perdent du poids intentionnellement diminuent de 24% leur taux de mortalité par rapport à celles qui maigrissent de manière fortuite. La perte de poids volontaire diminue en moyenne de 75% la masse grasse et de 25% la masse maigre. C’est la perte de cette dernière qui n’est pas bonne pour la santé.

Des exercices réguliers

Les médecins doivent considérer un traitement au cas par cas. Une perte de poids chez la personne âgée se justifie en cas d’arthrose et de troubles de la mobilité, elle visera à améliorer les conditions de vie du patient plutôt qu’à prévenir les complications médicales. La perte de poids intempestive n’est pas recommandée auprès des plus âgés puisqu’un surpoids aurait probablement un effet protecteur grâce à de meilleures réserves nutritionnelles et un taux de masse maigre plus conséquent. Avec un exercice physique associé, la perte de masse maigre, celle qu’il s’agit de garder, est moins importante. La meilleure option consiste donc à améliorer son hygiène de vie et faire des exercices. Une activité physique régulière et un apport en vitamine D adéquat permettent de limiter la perte musculaire et osseuse tout en perdant du poids. La marche est recommandée, elle qui contribue à diminuer le taux de masse grasse tout en évitant trop de perte de masse maigre.

 

Source : https://www.planetesante.ch/Magazine/Autour-de-la-maladie/Arthrose/La-difficile-question-de-l-obesite-chez-la-personne-agee


Violences psychologiques ou physiques, escroqueries, discriminations, isolement: la maltraitance des personnes âgées est encore sous-estimée, explique à l’AFP Sophie Moulias, gériatre à l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation, en juin.

QUESTION: Comment expliquer que selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne âgée sur dix soit confrontée chaque mois à la maltraitance?

REPONSE: « La maltraitance des personnes âgées est très fréquente et, paradoxalement, elle est méconnue, voire taboue. Une personne sur dix, c’est le minimum, car les cas sont largement sous-déclarés. Tout le monde est mal à l’aise quand on aborde ce sujet et il est minimisé. Il est insupportable qu’on banalise la maltraitance à l’encontre des personnes handicapées, des enfants ou des personnes âgées, toutes celles qui dépendent d’un autre. La plupart des gens pensent tout de suite aux maltraitances physiques, heureusement rares même si elles existent, mais il y a d’autres formes de maltraitance : les violences psychologiques, qu’on peut subir à domicile, en institution, ou même au quotidien dans la société, la négligence, qui n’est pas forcément intentionnelle mais peut avoir des conséquences très graves, ou encore des abus financiers ou des escroqueries. Souvent c’est la famille, beaucoup plus que les escrocs, qui est impliquée dans ces cas-là.

Q: Comment peut-on mieux la repérer et y remédier ?

R: Comme pour les enfants, l’évitement, la peur de l’autre, des bleus, des brûlures de cigarettes ou des fractures bizarres sont des signes. En tant que médecin, notre mission est d’être en éveil et dans la formation. Il nous faut dire que cela n’est pas normal, en parler davantage et insister sur le fait que faire un signalement n’est pas faire une dénonciation. Plus il y aura de signalements, mieux ça ira pour les personnes concernées. Il existe un numéro national, le 3977, pour en parler. Les victimes sont par définition vulnérables et dépendantes de ceux et celles qui les maltraitent. La maltraitance peut entraîner de graves traumatismes physiques et avoir des conséquences psychologiques à long terme. Les cas les plus signalés ont lieu au domicile, plus que dans les institutions. Parfois la personne maltraitante est elle-même maltraitée par le système, par la société. Le soin des personnes dépendantes est apporté à plus de 80% à domicile par la famille. Les Français n’abandonnent pas leurs vieux, au contraire ils s’en occupent beaucoup et c’est une tâche difficile.

Q: Qu’attendez-vous de cette journée de sensibilisation ?

R: Elle est primordiale pour faire prendre conscience à toute la société que ce problème existe. Chacun devrait pouvoir mener des actions: les Ehpad, les hôpitaux, les institutions, mais aussi les Caisses d’allocations familiales, les mairies et tous les lieux citoyens. La maltraitance des personnes âgées doit sortir du champ institutionnel pour devenir une question de société, tous les citoyens doivent s’impliquer. En France, il y a un vrai souci avec l’âgisme, la discrimination sur l’âge. On a une vision sociale structurée par le travail et souvent les personnes qui ne travaillent plus se sentent exclues, hors du coup. En France, ce n’est pas glamour, le vieux, et c’est ce regard qu’il faut aussi changer. »

 

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2017/06/15/2594401-maltraitance-personnes-agees-doit-etre-probleme-societe-geriatre.html


En cas de fortes chaleurs et d’épisodes caniculaires, les personnes âgées et vulnérables peuvent s’inscrire sur un fichier leur permettant d’être contactées et prises en charge.

Suite aux températures très élevées de ces derniers jours, un plan canicule de niveau 3 a été lancé dans toute l’Ile de France. Il est accompagné de recommandations pour l’ensemble de la population. Parmi les mesures prises par la Mairie de Paris figure le plan Chalex (Chaleur extrême), qui concerne les personnes âgées, souvent plus isolées et vulnérables en cas de fortes chaleurs.

Le fichier Chalex

Dans le cadre du plan Canicule national, la ville de Paris a mis au point depuis 2004 une action de recensement des personnes vulnérables avec le fichier Chalex. Les personnes âgées de plus de 75 ans, isolées, en situation de handicap et/ou souffrant de problèmes de santé peuvent bénéficier gratuitement de ce service. Pour cela, la personne âgée (ou son représentant légal ou une personne de son entourage) doit appeler le 39 75 ou envoyer un bulletin d’inscription, téléchargeable sur Internet et disponible dans les centres d’action sociale et mairies d’arrondissement de la ville de Paris.

Une fois inscrites sur ce fichier, les personnes âgées sont contactées par un téléopérateur s’informant sur leur état de santé (4 appels sur 48h). Si une personne âgée se trouve en situation problématique, le téléopérateur peut transférer le dossier à une cellule de veille sanitaire (aux Transmetteurs et à la réserve solidaire de Paris) basée au SAMU de Paris. Ces derniers rappellent alors les personnes signalées pour les conseiller. Ils peuvent aussi contacter un médecin traitant, un proche ou dans les situations extrêmes déclencher une intervention du SAMU.

D’après Dominique Versini, adjointe chargée des questions relatives à la solidarité, aux familles et aux personnes âgées, 8400 personnes figurent tout au long de l’été sur le fichier Chalex. Ce service ne dispense pas pour autant de suivre les recommandations de base en cas de fortes chaleurs, à savoir boire suffisamment d’eau (1.5 L par jour), manger en quantité suffisante, maintenir sa maison au frais, se rendre dans des endroits climatisés, éviter les efforts physiques et donner régulièrement des nouvelles à ses proches.

 

Source : http://sante.lefigaro.fr/article/fichier-chalex-recenser-les-personnes-vulnerables-en-cas-de-fortes-chaleurs


À l’instar des établissements sanitaires, les Ehpad doivent assurer une sécurité optimale de la prise en charge médicamenteuse de leurs résidents. Mode d’emploi.

1 Qui est concerné ?

Le circuit du médicament fait partie intégrante du projet d’établissement. Ce processus de soins a gagné de l’importance du fait de la médicalisation des structures. La prise en charge des personnes âgées présentant un taux de dépendance plus élevé et souffrant de pathologies multiples augmente le nombre des médicaments consommés, en moyenne de quatre à cinq au total pour les plus de 75 ans.

Concrètement, le circuit du médicament englobe plusieurs phases : la prescription, la dispensation, la délivrance et la livraison, l’administration et la gestion des stocks. Chacune de ces étapes peut être source d’erreurs potentielles susceptibles de menacer la sécurité et la santé des résidents.

En outre, l’organisation du circuit du médicament fait intervenir un grand nombre d’acteurs, salariés de la structure ou libéraux, aux cultures professionnelles différentes : médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, voire, dans certaines conditions pour ce qui est de l’aide à la prise des médicaments, tout autre personnel chargé de l’aide aux actes de la vie courante. Le médecin coordonnateur observe et intervient tout au long du circuit du médicament. Il lui revient notamment de le fédérer autour d’objectifs communs : la traçabilité des actes et la lutte contre l’iatrogénie (des troubles imprévisibles ou non prévus pouvant survenir à la suite de l’administration d’un médicament) en veillant notamment à la bonne adaptation des prescriptions de médicaments aux impératifs gériatriques.

2 Quels sont les enjeux ?

Le circuit du médicament est au cœur d’enjeux financiers et de sécurité dans les établissements. Il participe de façon prépondérante à la qualité des soins apportés aux résidents et vise aussi à lutter contre la iatrogénie médicamenteuse. Cette dernière est responsable de plus de 10 % des hospitalisations chez les sujets âgés et de près de 20 % chez les octogénaires.

Autre raison pour les directeurs d’établissements de se pencher avec intérêt sur cette question : le circuit du médicament est l’un des points audités lors du renouvellement des conventions tripartites pluriannuelles.  Enfin, cette question sera d’autant plus prioritaire pour les Ehpad si la réforme relative aux dépenses de médicaments et à leur prise en charge financière dans les forfaits soins des établissements ne disposant pas d’une PUI se concrétise.

3 Quel mode d’approvisionnement ?

La majorité des Ehpad s’approvisionnent dans des officines sur la base des prescriptions des médecins libéraux intervenant auprès des résidents. Les établissements doivent conclure avec ces pharmacies une convention afin de garantir la qualité et la sécurité de la dispensation pharmaceutique ainsi que le bon usage des médicaments. L’arrêté relatif à la convention entre un Ehpad et un ou plusieurs pharmaciens d’officine est toujours en attente.

Les établissements ont la possibilité de s’approvisionner auprès d’une Pharmacie à usage intérieur (PUI). Cette dernière peut être gérée soit en propre par l’établissement (ce qui est souvent le cas d’établissements à statut public de grande taille) ou par l’établissement de santé auquel il est rattaché. Elle peut également être partagée avec d’autres Ehpad dans le cadre d’un Groupement de coopération sanitaire (GCS). En outre, depuis le 1er janvier 2011, les PUI peuvent être gérées dans le cadre de Groupements de coopération sociaux et médico-sociaux (GCSMS).

4 Qui prépare les doses à administrer ?

Dans 60 à 70 % des cas, la Préparation des doses à administrer (PDA) est effectuée par le personnel infirmier de l’établissement. Une mission chronophage dans un contexte de pénurie budgétaire et de sous-effectif du personnel infirmier. De fait, 20 à 25 % des structures ont fait le choix de confier à une pharmacie la préparation des médicaments. Le décret relatif à la préparation des doses à administrer et l’arrêté relatif aux bonnes pratiques des doses à administrer (conditions de réalisation, de stockage, de livraison et de transport des piluliers…) sont toujours en attente de publication. Enfin, dans 10 à 15 % des Ehpad, ceux qui possèdent une PUI, la préparation des doses à administrer est assurée par le pharmacien de l’établissement

5 Qui peut administrer les traitements ?

Selon la Haute autorité de santé (HAS), le fil conducteur de la sécurisation de l’administration médicamenteuse repose sur la règle des 5 B : « administrer au Bon patient, le Bon médicament, à la Bonne dose, sur la Bonne voie, au Bon moment ». Dans les Ehpad, l’administration des médicaments fait partie des actes que l’infirmier diplômé d’État peut prendre en charge. Cette mission peut être remplie sous sa responsabilité « avec la collaboration d’aides-soignants, d’auxiliaires de puériculture ou d’aides médico-psychologiques qu’il encadre dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation ». La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) a précisé les conditions dans lesquelles les personnels des Ehpad pouvaient assister les résidents qui ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour prendre seuls leur traitement prescrit par un médecin. L’aide à la prise des médicaments peut, à ce titre, être assurée par toute personne chargée de l’aide aux actes de la vie courante dès lors que, compte tenu de la nature du médicament, le mode de prise ne présente ni difficulté d’administration ni apprentissage particulier.

 

Source : http://ehpad-magazine.com/gestion-des-medicaments/


Des millions de nouvelles personnes âgées dépendantes devront être accompagnées à domicile dans les prochaines années. La valorisation du métier d’auxiliaire de vie est clé pour répondre à ce besoin.

Nous le savons tous : la population française vieillit. Les plus de 75 ans seront neuf millions dans 15 ans alors qu’ils sont six millions aujourd’hui. Nous savons aussi tous que le nombre de personnes âgées dépendantes va augmenter proportionnellement, et que leur maintien à domicile sera dans la majorité des cas la solution préférée (90% selon OpinionWay – 2012) et la moins onéreuse. Logiquement, le métier d’auxiliaire de vie et d’aide à domicile auprès des personnes âgées est celui qui va créer le plus d’emplois dans les prochaines années (160 000 créations de 2012 à 2022 selon le Rapport “Les métiers en 2022” de France Stratégie et de la DARES).

Dire que nous ne sommes pas prêts à absorber ce “choc” relève de l’euphémisme. Il suffit d’écouter les gens autour de soi pour constater qu’ils se plaignent souvent de ne pas trouver les  bonnes personnes pour s’occuper de leurs proches âgés. Les associations ou entreprises qui pourraient les y aider ne sont d’ailleurs pas spécialement à la fête. Nombre d’associations qui interviennent en milieu rural sont exsangues financièrement. Ca n’est pas non plus faire injure aux réseaux d’agences à but lucratif créés dans le sillage de la loi Borloo de 2005, que de dire qu’ils n’apportent pas encore, en termes de volume, une réponse à la hauteur des enjeux du marché qui pèse tout de même 12 milliards d’euros.

Lorsque l’on s’intéresse au quotidien des auxiliaires de vie, on comprend en réalité pourquoi nous en sommes là. Près de la moitié d’entre eux sont employés à temps partiel. Leurs rémunérations dépassent rarement le SMIC. Ils doivent généralement se déplacer plusieurs heures par jour pour aller d’un bénéficiaire à l’autre. Le manque d’autonomie dans la gestion de leur planning et le manque d’interaction avec leurs collègues leur pèsent (selon l’étude menée par Alenvi et BimBamJob). Plus grave, ils ne se sentent pas considérés. Leur métier n’est ni connu, ni reconnu. Il se situe pour beaucoup dans une zone grise entre l’infirmière et la femme de ménage, quand il n’est pas totalement assimilé à l’entretien du domicile. L’image négative de la vieillesse véhiculée par nos sociétés modernes rejaillit aussi sur le métier. Elle est parfois ressentie très durement par les auxiliaires dans le regard de leurs proches.
Face à ce constat, deux attitudes sont possibles. On peut se résigner et se dire que la plupart des gens s’occupent des personnes âgées parce qu’ils ne peuvent pas faire autre chose, que le métier restera sous-qualifié, précaire et peu considéré. On peut au contraire se dire qu’il est possible de répondre au défi des personnes âgées dépendantes en valorisant le métier d’auxiliaire de vie, un métier de passion et d’engagement.

Concrètement cela peut se traduire par une série d’objectifs :
mieux payer et développer le temps plein, d’abord. Pour attirer et motiver des personnes qualifiées et passionnées, il faut décoller les salaires du SMIC et tendre vers le temps plein pour la majorité des employés. Bien sur, c’est un défi économique. En considérant le temps de travail et le salaire comme des contraintes de départ, plutôt que comme des variables d’ajustement, on se force cependant à innover sur les autres dimensions de l’activité (organisation, relation client..) pour dégager des marges de manoeuvres financières.

Faire connaître le métier et améliorer le référencement des formations sont aussi des enjeux de taille. On parle tout de même de l’accompagnement de millions de personnes âgées et du métier qui va créer le plus d’emploi dans les prochaines années ! Les acteurs du secteur et les pouvoirs publics pourraient s’allier pour lancer des campagnes de publicité (TV, presse, radio..) qui expliquent ce métier de passion et racontent de belles histoires qui l’illustrent. Cela se fait pour les enjeux de santé publique et les grandes causes nationales, deux dénominations qui pourraient tout à fait concerner notre sujet. La diversité des formations  qui conduisent au métier d’auxiliaire de vie est une richesse mais elle brouille aussi parfois la compréhension du métier pour les bénéficiaires. Les différentes formations (certifications de niveau 5 du secteur sanitaire et social) pourraient délivrer le DEAVS, ce qui permettrait d’indiquer clairement aux bénéficiaires que 100% des auxiliaires sont titulaires de ce diplôme. Les formations ou validation d’acquis pour certaines pathologies (Alzheimer..) pourraient être présentées comme des spécialisations du DEAVS. Cela permettrait de mieux valoriser les compétences spécifiques des auxiliaires et de leur offrir des perspectives pour se former en continu.

Enfin, il faut créer un cadre de travail responsabilisant et épanouissant. A partir du moment où l’on fait le pari d’attirer des personnes qualifiées en les payant mieux et en offrant un maximum de temps plein, on peut attendre des auxiliaires qu’ils jouent un rôle actif dans la gestion de leur planning, la relation avec les bénéficiaires et le développement de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Aux Pays-Bas, l’organisation Buurtzorg a révolutionné les soins infirmiers à domicile en organisant le travail de 8000 infirmiers via 700 équipes de quartier presque totalement auto-organisées. Une organisation basée sur la confiance, l’autonomie et la collaboration augmente le bien-être des salariés tout en réduisant les coûts d’encadrement. Les structures doivent également renforcer leur rôle d’écoute. L’accompagnement des personnes âgées est intrinsèquement difficile. Interagir au quotidien avec des personnes en état de faiblesse psychologique, se confronter à des maladies neuro dégénératives, vivre le départ de personnes avec lesquelles un lien émotionnel a été créé, sont autant d’expériences douloureuses qu’il est nécessaire de pouvoir partager avec ses collègues lors de réunions régulières. Le digital, parce qu’il permet de connecter des collègues qui ne se croisent pas souvent physiquement, a aussi un rôle fort à jouer dans ce domaine.

Tous ces objectifs peuvent paraître utopiques.  Les réponses aux enjeux vont pourtant sans doute être apportées par les organisations qui vont parier sur l’humain et démontrer que le coût de la valorisation du métier est en réalité inférieur au coût de sa sous-valorisation. On peut s’efforcer de garder un coût à l’heure très bas, une flexibilité forte grâce à une majorité de temps partiel, des coûts de formation bas, tout en en payant les conséquences au prix fort : faible motivation, absentéisme, faible rétention des employés et des bénéficiaires, coûts d’encadrement élevés… On peut également investir sur l’humain  en proposant un salaire plus élevé, une autonomie forte, des formations, de l’écoute et du soutien, et en récolter les fruits : employés motivés et fidèles, bénéficiaires accompagnés sur la durée, coûts d’encadrement plus faibles…La deuxième option doit encore être testée à grande échelle, mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

 Source : http://www.journaldunet.com/economie/expert/65306/la-valorisation-des-auxiliaires-de-vie—une-reponse-aux-enjeux-du-vieillissement.shtml